La traversée du Brandevin... vers l’Est !

Les paysages défilaient, toujours verdoyant. Le vent sifflait dans ses cheveux. Le soleil cognait, encore et toujours. Vif, lui aussi, transpirait à grosses goûtes.

« Voici Vif, un poney admirable. Il te mènera à destination avec entrain. Allez, jeune Frontalier, prudemment mais sûrement !» C’était les derniers mots du Shiriffe, avant son départ vers Bree, la cité des Grandes-Gens. Loin, à l’Est, là-bas continuait sa mission : rencontrer le maire, et lui transmettre la missive. Ce n’était en fait que le début.

Il avait passé le Brandevin, pour la première fois, et s’était arrêté à Creux-de-Crique pour y passer la nuit. Il n’y avait plus de collines, mais une sombre forêt. Il était reparti le lendemain à l’aube, sans un mot.
« SombreFleuve ! Tu sais d’où viens notre nom, Traco ? » Le jeune Hobbit se remémorait la douce image de son Vieux, assis au bord l’eau, le visage rayonnant de mystère. « Les Hobbits, mon petit Traco, n’ont pas toujours vécu dans la Comté ! Ils vivaient avant bien loin à l’Est, de l’autre côté d’immenses montagnes que nos ancêtres ont gravi pour venir jusqu’à ce petit coin de paradis ! Ils en sont partis car les eaux du fleuve qui bordaient leur village est devenu un jour  si noir, que les poissons sont tous morts. C’est en mémoire de ces temps mauvais que nos Anciens ont pris le nom de SombreFleuve… »

Il avait dû faire ses preuves auprès des grandes-gens. Quelques brigands en avaient fait les frais. Il logeait au Poney Fringuant, la plus grande auberge de la ville, en solitaire. Le soir, il écoutait les ménestrels chanter des aventures fantastiques en sirotant une bière pas si mauvaise. La Comté lui manquait un peu, mais il y avait quelques Hobbits qui vivaient à Bree, ainsi qu’une petite communauté établie sur les bords du marais, au sud-est de la ville.

« En suivant le chemin vert vers le Sud, tu seras à l’Auberge abandonnée en une journée ! » Encore une missive à porter, un aller-retour finalement plutôt calme, ponctué d’une impression dérangeante. Les Terres Solitaires auraient pu être nommés les terres désolées. Il avait pu voir des campements gobelins pas si loin de la route… une route déserte où il n’avait croisé personne. L’auberge en question donnait effectivement l’air d’avoir été abandonnée par la joie depuis maintenant bien longtemps. Et la silhouette sombre de l’immense montagne qui la surplombé ne rendait pas le bouge plus rassurant.